C'est un faible contingent qui est parti de la gare de Riom pour rejoindre Lapalisse. La concurrence de la Coupe du Monde de Football aurait-elle frappé nos fidèles membres?
Le château de Lapalisse appartient à la famille de Chabanne depuis le XVème siècle. Cette famille, dont les origines remontent à l'époque de Clovis, a donc toujours la charge lourde de l'entretien de cette immense bâtisse. L'état de la chapelle démontre à tous le poids de la charge financière puisque les échafaudages qui soutiennent la voûte fêtent leur 40 ans et protègent à grand peine les gisants de Jacques 1er et de son épouse.
Dans le salon d'honneur, trois bustes en marbre de Carrare attirent tous les regards. Il s'agit de la bisaïeule et de ses deux fils, on les retrouve d'ailleurs dans une peinture. On remarque, au fil de la visite, de superbes cabinets en marqueterie dont les décors intérieurs surprennent, un magnifique Jugement Dernier circulaire peint sur cuivre où l'enfer occupe le centre (???). Les plafonds sont somptueux, tout particulièrement celui du salon doré, plafond à la française offrant des formes losangées originales. On découvre aussi deux tapisseries des Flandres rescapées d'un ensemble de 12 décimée par les cambriolages.
Le Musée de l'Art Brut, tenu par Luis Marcel, est un OVNI, intermédiaire entre la galerie, le musée et la collection personnelle. Ancien professeur de sculpture, issu du métier d'éducateur pour handicapés mentaux, Luis Marcel a, au fur et à mesure de sa carrière, découvert puis promu de nombreux artistes classés « Art Brut » ou apparentés. Il est spécialiste de la rééducation parl'activité créatrice artistique. Les œuvres que nous découvrons sont déposées par les artistes et peuvent être vendues, d'autres sont la propriété de Luis Marcel qui a ainsi aidé de nombreux artistes. Les œuvres peuvent être utilisée par des enseignants pour l'éducation artistique. La fermeture de ce lieu est hélas prévue pour 2015, la santé de Luis Marcel l'obligeant à réduire le rythme.
La notion d'Art Brut a été créée par Dubuffet et Breton, le terme a été déposé par Dubuffet, c'est, à la base, l'art des malades mentaux. Notre hôte préfère la notion d'Art Populaire Contemporain pour définir la collection du Musée.
Nous voici partis dans un voyage au sein de cet univers onirique ou inquiétant. Le travail de céramique de Gabrielle Duc crée des monstres sympathiques composés avec minutie de minuscules morceaux de céramique.
Un grand moment est la visite de la Chapelle du gland, œuvre de Pelligand, artiste champion de consommation de boudin et auteur de magnifiques grimaces. Cette reconstitution d'une alcôve occupée par l'artiste a nécessité une opération scientifique avec photos et films afin de rester fidèle à l'original dans cet amoncellement de peintures et d'objets.
« Je vous tisse un linceul » œuvre de Rosemarie Koczy évoque la Shoah, André Labelle communique avec les martiens et les peint remarquablement, La machine à chômeurs de François Monchar tourne allègrement.
L'exposition des Don Quichotte de Ch. Brugeille attire tous les regards, inventivité des matières et des formes, majesté et humour mêlés.
Enfin, n'oublions pas la présence d'un personnage célèbre enfin représenté par Valérie Bidaud dans un style voisin de Nicky de St Phalle, LA MAMAN DES POISSONS, qui est effectivement très gentille.
Voilà de quoi donner des regrets à ceux qui n'auront pu se joindre à cet après-midi entre déjeuner et dîner, comme l'eût précisé Jacques II de Chabanne, dit Monsieur de Lapalisse.