En ce samedi 2 avril, nous avons délaissé le marché de Riom pour un périple cantalien : après une petite heure de transfert, nous nous sommes retrouvés en Chine sans souffrir du moindre décalage. Le musée Elise Rieuf à Massiac fait la part belle à des images asiatiques, l’artiste ayant séjourné trois ans dans la concession française de Shanghaï où son mari exerçait ses talents d’architecte. Baignée dans la vie mondaine, elle réalisé essentiellement des portraits de gens modestes, le trait et la touche offrent des tableaux d’une grande force. Ayant abandonné ce milieu mondain pour revenir en France comme modeste « prof de dessin » mais aussi comme membre du groupe d’artistes femmes autour de Marie-Jeanne Carpentier, elle poursuivra jusqu’à sa mort la recherche du portrait vrai (dessin, lavis, aquarelle, huile.…) avec, selon moi, plus de bonheur que dans le paysage.
L’accrochage, les souvenirs personnels sont présentés avec passion par la charmante Mme Sophje Rieuf prodigue en détails personnels comme en anecdotes. Les photos, les lettres retrouvées peu à peu, tout cela donne une vie qui compense largement la modestie des moyens.
Deux petites salles sont consacrées à Charlotte Musson, artiste parisienne, membre du cénacle Carpentier. L’artiste et son compagnon, Gonzague Truc, personnages notoires des milieux artistiques parisiens, tenaient salon dans l’atelier de Madame. Cette dernière « tirait le portrait » de ses hôtes. Les oeuvres au pastel présentées sont intéressantes par le sujet et par le style. Moins forts que ceux d’Elise Rieuf, on remarque un rare portrait de Marguerite Yourcenar à côté de Jacques Bertin ou Françoise Christophe.
L’église de Massiac nous est présentée par M. Champclaux. Après un aperçu extérieur qui permet de comprendre la structure de ce bâtiment, nous pénétrons dans cette nef simple et ample. Une souscription a permis la restauration d’une copie d’un tableau de Murillo. On note une magnifique Vierge en majesté polychrome. Les vitraux du XIXème sont consacrés majoritairement aux apparitions alors que les beaux fonds baptismaux sont éclairés par un gemmail moderne. Une très rare Vierge ouvrante est une des pièces majeures présentes ici.
Le col de la Fageole étant exceptionnellement exempt de congères, nous rejoignons rapidement Saint-Flour pour le déjeuner avant la visite de la Cathédrale St Pierre.
Notre but était essentiellement de découvrir le mobilier de choeur et les accessoires créés par Goudji. Une présentation « pêchue » du père Philippe Boyer nous a permis de résister à la température ambiante de la Cathédrale qui nous a fait trouver doux le vent du Nord à notre sortie. Le grand Christ noir est en résonance avec les réalisations épurées de notre orfèvre préféré. L’ambon, l’autel, les sièges et la croix de procession sont présents en permanence dans le choeur, la navette, l’encensoir, le bénitier et le goupillon sont préservés dans la sacristie tout comme le vin de messe (un bordeaux blanc de couleur sympathique). Cette pièce donne accès à une salle où se tiennent les offices de semaine (voir le sujet température ci-dessus). Là, les portraits de évêques sont alignés, les plus récents étant photographiques (et c’est heureux au vu des dernières prestations peintes).
La jonction avec le Musée de la Haute Auvergne jouxte cette salle mais nous devrons affronter l’aquilon pour y entrer « par la grande porte ». Nous sommes accueillis avec empathie et faisons connaissance de la nouvelle directrice du musée de Haute Auvergne tout juste arrivée.
Une jolie exposition sur les arts du livre occupé les anciennes cuisines et montre diverses techniques et matériaux de livres anciens. La responsable de l’exposition nous la commente avec moult détails.
Une deuxième salle présente une statuaire religieuse , dont un remarquable St Pierre qui évoque fortement le St Baudime de St Nectaire. Une Piéta du XVème siècle pose de gros problèmes de gravité au physicien mais dégage un charme certain.