La route entre Moulins et Autun traverse un immense jardin anglais aux prairies vertes parsemées de grands arbres majestueux, sinueuse, elle permet de découvrir des paysages variés, parsemés des taches blanches des charolaises et de traverser la Somme à de multiples reprises. Pour accréditer cette homonymie avec sa grande soeur picarde, cette vallée de la Somme abrite de nombreux hérons et aigrettes qui retrouvent sous nos latitudes leur rôle de pique-boeuf.
Il faut emprunter une route étroite et ombragée pour se rendre à Bibracte au sommet du Mont Beuvray. C’est sur cette montagne qu’était implanté un immense oppidum regroupant derrière ses remparts une dizaine de milliers d’éduens. C’est en ce lieu que, sur la volonté d’un président, fut créé un musée dédié aux gaulois.
Les bâtiments sont magnifiques : murs et sols de marbre, façades de verre et d’acier, béton banché brut forment une enfilade majestueuse, sorte de galerie des glaces transparente.
Nous passerons deux heures en compagnie d’une guide archéologue qui saura nous détailler la vie des éduens, leurs coutumes, leur économie, leurs outils et leur politique. On sait finalement peu de choses de ce peuple en dehors de ce qu’en disent romains et grecs. Leurs constructions, dont certaines étaient monumentales, on disparu, le bois n’ayant pas résisté au temps. Manifestement, les archéologues apprennent un peu plus chaque jour au fil des trouvailles.
La topographie commence l’exposition et donne sens à nombre des éléments exposés : réplique d’intérieur gaulois (un peu approximative certes…), des fac-simile de sites de fouilles et nombre de beaux objets (casques épées, bijoux…) occupent les deux niveaux du musée. La déambulation dans ce lieu lumineux est un vrai plaisir.
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Puisque nous sommes plongés dans la Gaule antique, il a été décidé de déjeuner « à la gauloise » dans le restaurant du musée. Assis fort bas, nous allons nous régaler de plats suggérés par les recherches archéologiques…pas de sanglier, du porc et de l’agneau (car nos éduens élevaient des animaux et consommaient peu de gibier), des graines, du choux, du fromage, comme en ce temps là. Le vin de bourgogne est là pour l’anachronisme et nous évite la cervoise tiède. Le café n'était pas très gaulois mais bienvenu.
Un sieste rapide dans le car et nous voici à Autun, ville fondée par les romains pour leurs alliés éduens . Notre guide nous amène tout d’abord au temple de Janus, en fait un fanum gaulois ainsi nommé par déformation du nom de lieu. L’impressionnante masse de maçonnerie est encore debout après deux mille ans d’agressions humaines et climatiques. à proximité se situait un théâtre pour 12000 spectateurs.
La porte d’Arroux datée du début du 1er siècle après J.C, ouvrait au Nord, à l'extrémité du cardo maximus (voie traversant du Nord au Sud). Elle présente deux grandes arcades pour le passage des véhicules et deux petites pour les piétons. Elle est faite pour impressionner le voyageur sur l’axe le plus fréquenté pour le commerce.
La porte Saint André ouvrait à l'Est, à l'extrémité du decumanus (voie traversant la ville d'Est en Ouest). Elle possède une architecture proche de la porte d'Arroux, mais a subi de nombreuses restaurations notamment de Viollet-le-Duc.
Le théâtre antique, envahi ce jour-là de jeunes sportifs, construit aux environs de 70 après J.C et situé à l'est de la ville antique, iétait destiné aux représentations dramatiques. Avec ses 148m de diamètre, il apparaît comme le plus grand du monde romain, pouvant accueillir 20 000 spectateurs. S'appuyant sur la pente naturelle du terrain, le théâtre est de style classique avec des gradins disposés sur trois rangées semi-circulaires, coupées par des escaliers. Un mur imposant fermait le théâtre derrière la scène, d'une hauteur supposée de 30m. Dans le voisinage immédiat se trouvait également un cirque de taille respectable qui fit office de carrière.
Enfin, témoins de ce passé, les remparts romains de la ville dont les vestiges laissent imaginer un forteresse redoutable.
En montant dans la ville, nous faisons un saut de 1000 ans en avant pour visiter la cathédrale Saint Lazare. Notre guide, jusque là intéressant et disert, devient passionné. Ce vaisseau roman, adjoint de chapelles latérales de style gothique flamboyant et surmonté d’un clocher du même métal, doit beaucoup au fameux chancelier Rolin. Deux tours pseudo-romanes encadrent le porche grâce à Viollet de Duc. Une charmante fontaine renaissance orne la placette à proximité.
Le tympan du porche nous retiendra un bon quart d’heure, il faut dire qu’il s’y passe un foule de choses. Ce jugement dernier est fort bien conservé et restauré et chaque détail nous est commenté avec faconde. La façon de faire passer les pécheurs en enfer par une main en forme de
grappin est étonnante.
Dans la nef, on remarque surtout les arcs brisés à la frontière du roman et du gothique et les magnifiques chapiteaux. A noter celui consacré à Simon de Magicien, particulièrement expressif.
Dans le choeur, l’Ami des Musées de Riom remarque au premier coup d’oeil un mobilier caractéristique : siège cathèdre, lutrin, autel sont caractéristiques de la main de Goudji qui nous suit décidément dans tous nos déplacements.
Merci à nos guides si passionnants, merci à Jean-Louis pour son organisation sans faille, cette journée de soleil fut une réussite totale.