Lurcy-Levis se trouve au nord de l’Allier dans une zone de plaine. C’est pourtant par une route quasi montagnarde que nous rejoignons ce bourg aux trois châteaux, lieu d’implantation de Street Art City.
Habitués aux musées XIXème et aux églises romanes, les amis des musées s’en sont allés au devant d’un choc culturel, non sans certaines préventions.
Ancien centre de formation ultra moderne construit en 1982 avec un hôtel de 128 chambres, laissé à l’abandon après à peine 11 ans de vie (un modèle de gestion), le lieu commence à reprendre une animation en 2003 avec une longue opération de débroussaillage. Les propriétaires n’eurent l’idée d’implantation d’un centre dédié au Street Art qu’en 2015.
Après cette lente maturation, tout alla très vite, 22000 m2 de murs disponibles sont offerts au artistes de toutes origines qui sont hébergés, nourris et blanchis, disposent de peinture et d’une nacelle pour réaliser leurs oeuvres dans cette « villa Médicisdu Street Art. Les premiers murs sont peints en 2015 et aujourd’hui, 9500 m2 sont occupés. 10 artistes sont en résidence en moyenne sur la période estivale, 23 nationalités sont représentées, 789 candidats se sont présentés.
La renommée s’est installée très vite et des visiteurs du monde entier viennent maintenant à Lurcy.
Faute de temps, nous avons du nous limiter à la visite des murs extérieurs, les chambres décorées de l’hôtel demandant trop de temps de visite. Il nous faudra revenir, sans hésitation dans ce lieu magique ou les murs sans charme et les bâtiments lambda deviennent oeuvre d’art.
Ted Nomad, Alaniz, Shirt, Zeso, Snake,Sane 2, Emar, BK Fox….tous ces pseudos qui deviendront peut-être de grands noms avant peu.
Merci à Gilles et Sylvie de cette initiative et de leur sympathique accueil.
Après une courte liaison routière, un agréable repas nous est servi à Souvigny afin de nous mettre en condition pour une visite de luxe de la Prieurale et de ses dépendances. Cette visite est menée par Mme Annie Regond-Baubet, archéologue et grande spécialiste de Souvigny.
Dès 915, le sire de Bourbon donne des terrains à l’ordre de Cluny pour fonder un pissant prieuré qui de se développe rapidement grâce au pèlerinage sur les reliques des deux abbés de Cluny, Mayeul et Odilon. L’église de base est romane puis gothique à deux transepts (comme à Cluny).
Les tombeaux de nombreux bourbons sont situés dans la chapelle seigneuriale dont la balustrade de pierre est une merveille de gothique flamboyant.
Au centre de la nef, les tombeaux de Mayeul et Odilon ont été restaurés après les ravages de la Révolution: lessivants ont été retrouvés « façon puzzle » en 1985.
La chapelle vieille abrite les gisants de Louis II de Bourbon et Jeanne d’Auvergne sous des voutes peintes. La chapelle neuve abrite, elle, les gisants de Charles 1er de Bourbon et Agnès de Bourgogne.
Nous visitons également la sacristie aux remarquables boiseries qui renferme quelques statues retrouvées sur place.
Réunis dans la nef, nous écoutons Pierre Dubois nous parler de l’orgue XVIIIème de F. H. Clicquot qui représente un somment de la facture d’orgue de l’époque (1782-83) et qui est resté à très peu près dans son jus. C’est un orgue classique français à petit pédalier offrant une grande diversité de timbres (28 jeux).
Joignant le geste à la parole, Pierre Dubois nous régale d’un concert de musique XVIIIème avec des oeuvres de Clérambault, Rameau, Balbastre et Beauvarlet Charpentier afin de mettre en exergue la variété des possibilités de l’instrument
La parole est donnée à nouveau à Mme Regond-Baubet qui nous fait découvrir les jardins du prieuré et le musée ainsi que la modeste demeure du prieur et son "jardinet".
Nous aurons remarqué dans le musée une colonne zodiacale tronçonnée et de très beaux bas reliefs certainement issus de tombeaux.
La route du retour fut agréable et la conversation animée par les visites du jour.