Cette fin du mois de juin va voir les deux musées de Riom inaugurer leur nouvelles expositions.
Une visite en avant première des installations de Delphine Gigoux-Martin au MRA nous a été proposée ce samedi 25 juin.
L’artiste a investi la quasi totalité des salles du musée tantôt de façon très discrète, tantôt par des oeuvres plus imposantes.
Dans le jardin, la lave émaillée a été le support choisi pour une série de disques émaillés d’or représentant les phases de la lune.
Après avoir laissé les vitrines d’entrée intactes, Delphine Gigoux-Martin a utilisé les projections pour animer l’intérieur auvergnat, symbolisant les rêves des habitants et citant les peintures pariétales. Cerf, ours, loup forment un bestiaire qui rappelle celui de Julien Salaud.
La tapisserie est un autre des supports qu’affectionne la plasticienne, collaborant avec les ateliers de Felletin, elle se cantonne dans un dégradé de gris pour illustrer une frondaison.
L’oeuvre suivante rappelle là aussi Julien Salaud par l’utilisation de la taxidermie. Ce « cul » de renard est piqué par une pie animée projetée. Ce malheureux renard se retrouve juché sur des tubes de verre évoquant les alambics et sa position curieuse semble due aux vapeurs d’alcool.
L’espace des escaliers est occupé par des projections de volatiles divers : chauves souris, aigles, cigognes qui volètent dans ces vastes espaces.
Décidément éclectique, Delphine Gigoux-Martin utile également la porcelaine, déjà aperçue sur la première des tapisseries, elle donne cette fois sa plénitude dans deux plaques symbolisant des oiseaux grâce à une technique voisine du raku. Et cette fois l‘enfumage est sympathique…
Sur un thème voisin des tapisseries, des rideaux qu’agite un courant d’air semble être des nuages qui passent devant les arbres de la cour. Ces nuages, on les retrouve dessinés à l’éponge sur des plaques de contreplaqué ou le graphisme naturel du bois répond à celui de l’artiste.
La lave émaillée, à surface irrégulière est noire et donne des reflets de nuances diverses (Ah! Pierre Soulages).
On peut se demander si notre plasticienne n’en veut pas aux renards puisqu’elle décide des les opposer des constellations qui semblent les torturer. Selon elle, ces dessins assez grands sont réalisés en 10 minutes après des heures de réflexion préparatoire.
Dans la salle des métiers de la pierre, un escargot projeté se lance à l’assaut d’une pelle de mineur, oeuvre minuscule. Une série de formes de couteaux en porcelaine blanche symbolise le mouvement de l’émouleur.
Dans la pièces des âges de la vie, l’installation est de grande taille et occupe tout un mur :
Une tapisserie, toujours dans les mêmes tons, est le support d’un murex géant en fils de lurex (le jeu de mot s’impose), elle côtoie un contreplaqué décoré et un lave émaillée dont on peut penser qu’elle évoque une vague ou…un volcan.
La salle des saints a vu certaines loges s’orner de dessins qui prennent appui sur les éléments de la statuaire pour les prolonger, on en vient à souhaiter que cette installation perdure tant elle apporte aux oeuvres exposées.
La salle des musiques est le lieu où on trouve les éléments de la photo de présentation de l’exposition. Escroquerie! ils sont minuscules et poétiques s’agissant de chaperons destinés non à des rapaces mais à de paisibles passereaux.
Nous ressortons ravis de cette heure et demie de déambulation dans ce musée que nous redécouvrons à chaque visite. Merci à Anne Chanonat et son équipe pour cette réalisation qui vaut le détour!