Pour la deuxième sortie de l’année, nous avions choisi de découvrir ou re-découvrir l’abbaye de Noirlac, joyau cistercien proche de St Amand-Montrond.
Ce bijou d’architecture est situé dans un « désert » entre la rivière Cher et la forêt, au creux d’un vallon où passait une voie romaine, aujourd’hui route départementale..
Nous étions quarante, menés par un chauffeur parfait. La visite guidée nous a permis de comprendre la chronologie des occupations des lieux, les changements drastiques, les transformations, les retours à l’origine….
En 1136, un groupe de moines cisterciens en provenance de Clairvaux (on se demande pourquoi alors que Cireaux est beaucoup plus proche) s‘installe sur les lieux mais ce n’est qu’en 1150 qu’une donation d’Eddes de Charenton permettra d’entreprendre la construction.
L’abbaye connaitra un développement rapide et comptera jusqu’à 80 moines et de nombreux frères convers, dédiés aux basses oeuvres. La règle était sévère et les moines n’avaient aucun contact avec l’extérieur. Ils vivaient dans de conditions précaires dans des pièces sans fermetures, sur des paillasses et dans les courants d’air…du moins jusqu’au XVIIIème siècle où leur effectif fut réduit à 6. Sans doute ce nombre satisfaisait-il l’ordre puisque seulement six « cellules » avaient été aménagées dans l’ex-dortoir des moines. Leur confort était presque moderne, le chauffage assuré par une cheminée, de grandes fenêtres vitrées. En bref, ce n’était pas monacal.
L’architecture du lieu est imposante, les divers bâtiments sont imbriqués pour répondre aux besoins de la communauté. Après le cellier, qui était l’entrepôt mais aussi un dortoir pour les convers dans certains cas, le cloître est somptueux, chacun des côtés ayant un style différent. Au centre un jardin et un puits fleuris enchantent la vue.
On accède à l‘église dont le vaisseau impressionne par sa luminosité et sa sobriété. L’acoustique est étudiée pour garder le son vivant pendant de longues secondes, d’où la présence de dispositifs spéciaux pour les concerts qui viennent troubler l’harmonie visuelle.
Un escalier dessert directement le dortoir afin que les moines assistent aux offices de nuit.
La terrasse domine le cloître et offre une vue magnifique. On imagine qu’au XIX ème, tout cela était occupé par une manufacture de faïence, y compris l’église. On imagine la couche de suie qui recouvrait l’ensemble, les vitraux percés pour faire passer les cheminées des fours….
Ces vitraux ont fort heureusement été recréés par Jean-pierre Raynaud avec la sobriété qui convient au lieu.
Nous parcourons la salle capitulaire, le réfectoire, le dortoir des convers, le chauffoir avant de nous promener dans les jardins et d’admirer l’allée de tilleuls dont la perspective est hélas gâchée par des barnums destinés au festival de musique. Nous abandonnerons là à regret notre charmante guide dont les commentaires nous ont ravis.
Nous ressortirons de ce lieu de sérénité pour rejoindre l’agréable auberge située à l’entrée et de profiter d’un repas fort honorable.
Le trajet vers Peufeilhoux sera l’occasion d’une courte sieste afin de nous voir arriver en pleine forme et ce sera nécessaire!
On accède à ce château par un chemin montant, malaisé pour notre car.
L’entrée du château se fait par une allée couverte de roses des plus agréables au son d’une musique Grand Siècle majestueuse. Nous sommes deux groupes à nous réunir à l’ombre et assis pour écouter les premières explications dans la cour du château.
C’est un des fils du propriétaire qui nous les donne.
L’historique remonterait à un oppidum romain du V ème siècle, lequel fut par la suite occupé par des gaulois (???) avant qu’un motte castrale avec donjon en bois ne soit installée. La pierre fera son apparition au XII ème.
AU XVIème la famille de Rochebrune qui souhaite mener une vie de roi…donne au château l’essentiel de son aspect actuel
Sauvé en 1920 par M. Machart, le château deviendra la propriété du Crédit Agricole avant d’être cédé à M. Thévenin, son actuel propriétaire dont le rêve était de sauver un château. L’énergie de l’homme est débordante.
Ces péripéties font que les meubles d’origine ont disparu et que le décor doit beaucoup à la chine et aux aïeux de M. Thévenin (côté PAPA dirait son fils). La visite nous permet de découvrir…les chambres d’hôtes, la chapelle, les passages secrets, la salle à manger avec sa table à rallonges (mais oui!) l’armoire avec ses mille verres, le passage secret envahi par les abeilles.
Nous sommes conviés à un concert d’orgues dans la cour. Des portes s’ouvrent et un mur de tuyaux surgit de derrière l’enclos. On a du mal à reconnaitre un orgue dans cet assemblage de tuyaux de zinc. Le grand orgue est en fait un ensemble de synthétiseurs, la coordination étant assurée par le fils ainé de la famille.
Comme l’artiste propriétaire a été titulaire de l’orgue de Souvigny, il « touche sa bille » mais tout cela manque de charme. L’anecdote selon laquelle il aurait joué le French Cancan dans la cathédrale de Moulins est un condensé de l’ambiance du lieu.
La famille, sans aucune subvention, fait vivre le château par des animations, des chambres d’hôtes, des jardins (que nous n’avons pu qu’apercevoir), des organisations de mariages. La survie de ce bel édifice assez romantique passe par un petit côté Dysneyland. Nous n’avons pu visiter le musée du lieu.
En cette période ou l’on prône la récupération et le fait maison, l’endroit est un bel exemple. Il n’est pas certain que l’inscription du lieu permette de pérenniser la méthode.