Le sens du don de soi et de l’abnégation ont guidé le rédacteur pour accompagner le groupe pour la troisième fois au C.N.C.S de Moulins en dépit d’un intérêt
limité pour les chiffons, fussent-ils prestigieux, soutenu dans cette épreuve par la présence de deux autres messieurs. Il faut avouer que la deuxième partie de la sortie justifiait pleinement ce
déplacement.
Le Cirque !
Accueillis dès le rez-de-chaussée du C.N.C.S par les costumes des Fratellini et du Cirque du Soleil, nous allons passer un moment d’immersion dans les diverses
disciplines du cirque.
Nous apprendrons ainsi pourquoi Mr Loyal est souvent habillé en dandy tel le renommé Sergio, pourquoi l’écuyer, premier métier du cirque, se décline en redingote
ou en Robin des Bois à paillettes.
Les acrobates, au premier plan desquels le jongleur des J.O. d’Albertville, s’habillent de long pour corser la difficulté de leur exercice, se muent en criquet
ou en funambule torero.
Les trapézistes « volants » doivent tout de leur tenue à Mr Jules Léotard qui serait bien étonné des évolutions de son justaucorps
minimaliste !
La nudité, réelle ou suggérée par les tulles de couleur chair fait l’objet de deux petites vitrines et surtout d’une hilarante vidéo du Cirque Plume.
Venons-en aux vedettes, les clowns.
L’Auguste symbolisant à l’origine un paysan benêt évolue de sa tenue classique trop large agrémentée de chaussures
démesurées à des versions de plus en plus sage au fur et à mesure que la parole prend le dessus sur le geste.
Son compère, le clown blanc, souvent coloré d’ailleurs, porte classiquement le « sac » tenue lourde et pailletée dont une salle montre la confection
dans les ateliers de Mr Vicaire. Un seul « sac » est couvert de 150 000 paillettes cousues une par une et à l’envers du tissu soit 450 heures de travail. L’opéra de Paris créera
pour Faust un costume de clown orné de 1500 cônes de couleurs symbolisant le chapeau conique du clown blanc pour une tenue impressionnante..
Le dompteur a évolué de la veste à brandebourg, style hussard, à la tenue de gladiateur fantasmé. On remarque une robe de dresseuse d’oies dont la morphologie
est inspirée par l’animal avec une gigantesque tournure et …mystérieusement, un chapeau à plumes d’autruche.
La grande salle, réservée aux mises en scène, reproduit une piste entourée de figures du cirque, animaux et artistes, où l’amateur de peinture aura apprécié une
évocation des Ménines dont la jupe mesure trois mètres de large, surmontée d’une cage à oiseaux, en clin d’œil surréaliste.
La guide a, comme à l’habitude, donné vie et intérêt à cette visite. On regrettera seulement de n’avoir pu illustrer cette relation, les photos étant interdites
et fort peu exploitables sur Internet.
Exposition Georges Antoine Rochegrosse au Musée Anne de Beaujeu
L’accueil au musée est sympathique et attentif. L’exposition temporaire est consacrée à Georges Antoine Rochegrosse (né en 1859 à Versailles, mort en 1938 en
Algérie). Cet obsédé de la couleur et de la lumière est le beau-fils de Théodore de Banville, lequel eu une influence significative sur sa
carrière.
Un autoportrait accueille les visiteurs et nous montre un jeune homme barbu et cheveux courts dont on retrouvera la silhouette dans certains tableaux.

Une série de portes hautes et de tableaux décoratifs montre toute l’influence du japonisme sur la peinture de l’époque. Ces peintures destinées aux appartements
de Th. de Banville, montrent de couleurs vives, inhabituelles pour l’époque.
Georges Rochegrosse, fort de nombreuses récompenses dans le cadre de ses études aux Beaux-Arts et de ses productions pour le Salon, a été très prolifique,
évoluant de la peinture d’histoire à l’orientalisme pour terminer par des ooeuvres mystiques.
On remarque Mascarade, tableau ou une foule de jeunes gens se livrent à une fête débridée, occasion de citation de plusieurs autres œuvres du peintre.
Sarah Bernhard est représentée en Cléopâtre, offrant un profil superbe. On pense à Klimt avec 20 ans d’avance, ce qui se confirme avec le tableau retenu pour
l’affiche de l’exposition, une somptueuse Salammbô.
Le portrait de son épouse, Marie, intimiste, alors qu’elle joue avec son chien, évoque un couple fusionnel, l’artiste allant jusqu’à changer sa signature après
la mort de son épouse pour adopter « G. M. Rochegrosse ».
Wagner suscitait l’admiration de Rochegrosse qui produit « Les Maîtres Chanteurs » ou le héros est curieusement vêtu de rose bonbon sans parvenir à
être ridicule (une préfiguration des maillots du Stade Français ??) dans une scène en mouvement.
Parsifal, chevalier aux fleurs, est représenté au milieu de 17 femmes-fleurs remarquablement peintes dans leur métamorphose du végétal à l’humain. Les reflets
sur la cuirasse sont « bluffants ».
Le peintre a habité majoritairement en Algérie où il possédait deux demeures. L’orientalisme a donc marqué son œuvre. Le thème de Salammbô fait l’objet de
nombreuses œuvres dont une série d’illustrations pour une édition du livre de G. Flaubert, une Judith (avant la décollation d’Holopherne) appelle le regard par son expression de détermination et
de crainte mêlées.
Une série de livres illustrés par le peintre occupe une salle avant de découvrir une tapisserie des Gobelins, sur un carton de Rochegrosse, à la gloire de la
colonisation française en Afrique. Le progrès apporté aux populations locales est symbolisé par des ampoules électriques et des fils télégraphiques que peu d’africains de l’époque avaient
vus.
La peinture d’histoire est bien sûr évoquée : Vitellius traîné par la population, Andromaque, la bataille de Marathon. Dans ces peintures, le cadrage et le
souci de démontrer le mouvement sont les caractéristiques principales.

Enfin, les peintures tardives sont plus sombres, plus désespérées après le décès de Marie, toutefois influencées par le futurisme (la mort de la pourpre) puis
mystique ( l’Appel).
Belle journée commencée sous le soleil, terminée sous la pluie mais avec de belles lumières en tête.